Kill the Klichés : L’acharnement durera tant que dureront les malentendus. De Chloé Thé-
venin, les distraits auront retenu quoi? Une discrétion toute féminine? La sobriété d’une
dj censée appartenir, de près de loin, à la confrérie minimale? Mais encore… Peut-être
que la seule chose à savoir sur Chloé tient en une ligne : sa musique (celle qu’elle compose,
celle qu’elle mixe) ne désire qu’une chose :
Que vous ne sachiez plus du tout sur quel pied danser. Certains prirent vraiment l’étendue de
son talent en 2007, quand sortit The Waiting Room : premier album, incroyable de cohé-
rence, d’une musicienne qui avait pris son temps. Dans cette « salle d’attente », les caté-
gories, les cases, les étiquettes avaient fondu comme neige au soleil. Minimal quoi ? électro
qui ? Lo-fi comment ? Pop, vraiment ? On ne sait plus. Et ils furent nombreux à n’avoir plus
du tout envie de le savoir (l’album rencontra son public et fut acclamé par l’ensemble de la
presse internationale).
Chloé sort en 2002 un maxi bien inattendu sur Karat : « Erosoft ». Contre-pied total de ce que
l’époque réclamait en matière de tube (on nageait en pleine electroclash… et elle balançait
une poignée de chansons lo-fi). Elle enfonce le clou en 2004 avec une compilation mixée
d’une rare subtilité et intitulée « I hate dancing ». Les maxis « Take Care »« et « Sometimes
» marquent l’époque. De week-end en week-end, les meilleurs clubs lui offrent une place
d’honneur ainsi que les festivals (Mutek , Montreux Jazz festival, Benicassim, La Route du
Rock, Marsatac, Sonar…). La semaine, Chloé suit des cours d’éléctroacoustique au conser-
vatoire: ce n’est pas un repli vers la musique de recherche mais un pont vers sa propre
recherche.
A partir de 2004, elle crée des pièces électro-acoustiques mixte pour contrebasse ou pour
flûte. Et multiplie depuis, comme une nécessité, les collaborations avec des chorégraphes,
performeurs, cinéastes.
Etre dedans tout le temps, ne pas lâcher, ne pas s’éparpiller, dessiner. Le genre, c’est com-
pliqué…. peut-être, sûrement. Celui de Chloé a la valeur inestimable de ceux qui se perçoi-
vent comme toujours en mouvement.
CHLOE Efest : Édition 2010
le 13 mars 2010