L’œuvre ELEMENTA aura pour objectif de réintroduire la nature dans la ville et sensibiliser le public sur les questions environnementales. Des modules géométriques sous formes de monolithes, à la surface réactive au toucher, seront installés autour de l’arche de Bab El Bhar. Les monolithes forment des portes de dialogues entre le public et le monument qui s’éveillent, se transformant en un objet lumineux et sonore, plus l’implication est importante plus l’intensité des sons se renforce et plus leur organisation est dense, les lumières s’intensifient.
La préparation de l’installation in situ étant envisagée comme un atelier faisant participer des habitants de la ville (artistes, étudiants en arts, jeunesse, etc), la création sonore sera composée des enregistrements effectués par les participants autour du thème de l’environnement. Visibles de toute la ville, d’intenses faisceaux lumineux seront projetés vers le ciel en interaction avec les sons enregistrés sur les sites naturels, comme pour communiquer un état d’urgence.
La disparition de ces sons naturels dans la ville provoque, en plus d’une tension écologique, la disparition d’un lien, de la possibilité de ce que Michel Hulin appelle «la mystique sauvage »: En se retrouvant confronté à un élément naturel nous dépassant, sur lequel notre contrôle semble extrêmement réduit (la mer, vue d’une plage, lors d’une randonnée en montagne).
Notre but n’est pas tant de recréer une expérience de « mystique sauvage » (les lumières, la bande son, ne sont qu’une représentation, non produites par la nature) que de questionner la rupture que la ville opère quant à de potentielles expériences de mystiques sauvage. `
En dialogue avec ce questionnement, l’installation veut poser la question de la place de l’individu dans la ville. En réagissant en fonction du nombre de personnes touchant les monolithes, l’œuvre, apparentée à un cœur lumineux, remet l’idée de collectif au centre des nécessités de l’art de vivre urbain. La responsabilité de l’individu face à son environnement devient palpable. Par ailleurs, en opposition à une ville faite de pierre et figée, l’idée d’une ville organique, vivante et fragile est proposée par l’installation. C’est la participation d’implications individuelles qui fait émerger une vitalité collective au sein de l’espace urbain.